Macron ou la « pensée complexe » ...
On s'interrogera encore un certain temps sur la pensée Macron et c'est l'avenir qui nous dira quelle politique concrète, quels actes, sortiront de ses ambigüités. Car de ce que l'on pense naît tôt ou tard ce que l'on fait. Sur quoi l'on est jugé.
Le fond de la pensée d'Emmanuel Macron, c'est la volonté de concilier, surmonter les contraires. Résoudre les contradictions réputées artificielles. C'est ce qu'Edgar Morin appelle la complexité. Il n'est pas sans mérites de vouloir la penser. Mais encore moins sans risques. Malraux disait que la pensée est nuances mais l'action manichéenne. Emmanuel Macron en fera à coup sûr l'expérience.
La pensée complexe c'est aussi ce que prône un certain personnalisme, chrétien ou non, dont Emmanuel Macron s'est peut-être imprégné lors de ses années de formation.
Mais que ce soit dans le domaine de la culture, de l'immigration, de l'indépendance nationale, des options géostratégiques de la France, de son identité menacée, de l'enseignement de l'Histoire, de l'enseignement tout court, de la cohésion sociale, des questions sociétales, l'on pourra bien tenter la pensée complexe, essayer de concilier les contraires.
Dans l'ordre de l'action, une prévalence s'imposera toujours.
Entre ce qui fait vivre et ce qui fait mourir la conciliation est utopique, en un sens, mortifère ou criminelle.
Il vient un moment où des choix s'imposent. Ils ne sont pas faits que de conciliation des contraires ... A trop s'interroger sur les moyens justes de concilier les contraires, le risque de ne rien décider, ou mal, ou trop tard, est grand.
Maurras, dans son étude la plus connue sur Auguste Comte*, critique longuement l'idée dominante au XIXe siècle, du gouvernement de l'examen : examiner ce n'est pas encore gouverner. Il y a un temps pour l'examen, un temps pour gouverner, qui est celui de la décision.
Macron se dit pragmatique. Mais nous le voyons aussi idéologue. Peut-être les deux, en même temps. L'un de ces deux termes finira par être prévalent.
L'on peut aussi tenter de concilier pensée complexe et pensée réaliste à la condition que lors de la prise de décision ce soit la pensée réaliste qui ait le dernier mot. On verra Macron à l'ouvrage. •
*Auguste Comte, Bons et mauvais maîtres, Œuvres capitales, tome III, Flammarion, 1954